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Clément Boyer
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Le monde des insectes à portée de clics

Le printemps est là et c‘est le moment de parler macro ! Découvrez Clément Boyer, photographe de l’infiniment petit dans cette interview. Il nous y raconte sa passion pour les insectes et comment il s’y prend pour les “capturer”.

 

Digixo l Comment vous est venue cette passion pour la photographie d’insectes ?

Clément Boyer l "Il s'agit d'une passion assez récente ! Pour revenir un peu sur mon parcours, j'ai d'abord commencé par la vidéo. Passionné par le septième art, j'ai étudié le cinéma pendant trois ans à l'université de Montpellier et, après avoir obtenu ma licence, j'ai lancé mon auto-entreprise dans le domaine de la vidéo. En dix ans, mon travail m'a également amené à pratiquer la photographie. Toutefois, c'est plutôt sur mon temps libre que je me suis réellement intéressé à l'image fixe, en me spécialisant notamment dans les paysages et l'astrophotographie.

Le confinement de 2020 a véritablement tout changé. J'ai suivi plusieurs formations durant cette période particulière. Celle de Patrick Goujon, sur la macrophotographie animale, m'a réellement captivé. Dès le mois de mai, j'ai donc eu envie de sortir retrouver la nature et mettre en pratique mes nouvelles connaissances. Je pensais que cette impulsion ne durerait qu'un temps mais cela fait maintenant plus de quatre ans que j'arpente les paysages de l'Hérault, à la recherche de nouveaux sujets à photographier.

Les insectes, ou les araignées, font désormais partie de ma vie. Chaque jour, j'essaye d'en apprendre un peu plus à leur sujet. Dès que j'en ai l'occasion, je sors les observer et, évidemment, les photographier. Avec plus d'un million d'espèces connues, c'est un sujet qui va me passionner encore longtemps !"

Portrait de Clément Boyer

 

​​Digixo l Quels sont vos sujets favoris ? Pourquoi ?

CB l "J'essaye de diversifier au maximum les sujets que je photographie. Peut-être pour mieux représenter la zone dans laquelle je vis (Montpellier et ses alentours). Je prends donc beaucoup de plaisir à capturer le portrait de chaque espèce. Papillons, coccinelles, abeilles, sauterelles, libellules, punaises, fourmis, araignées… tout y passe ! Il faut dire qu'en Occitanie, il y a de quoi faire !

Photos de plusieurs insectes - Clément Boyer  


Quoi qu'il en soit, je pense avoir développé une légère préférence pour les mantoptères. La France compte peu d'espèces de cet ordre et, parmi elles, je me retrouve souvent à photographier la mante décolorée (Ameles decolor). Cet insecte, assez proche de la mante religieuse, s'en distingue notamment par sa plus petite taille.

Chaque été, j'ai la chance de croiser cette mante endémique du pourtour méditerranéen. Comme elle est assez méconnue, je profite de chaque rencontre pour capturer son portrait et, ainsi, la faire découvrir à davantage de personnes."

Photo d'une mante décolorée (Ameles decolor) - Clément Boyer

 

​​Digixo l Quelles sont vos sources d’inspiration ?

CB l "Grand consommateur d'images (de films notamment), je suppose que ma vision a forcément été influencée par le cinéma. La lumière, les couleurs ou encore le cadrage sont donc des éléments fondamentaux de mon travail. De plus, j'ai toujours été passionné par les différents types de créatures que l'on peut croiser dans les films, les séries ou même les jeux vidéo.

De manière plus définie, j'ai un faible pour le cinéma d'animation mettant en scène des personnages appartenant à la classe des insectes. J'aime donc l'idée de pouvoir à mon tour suivre et immortaliser les aventures de ce petit monde, avec un peu moins d'anthropomorphisme évidemment. J'ai également eu la chance de grandir à l'écart de la ville, avec une vie sauvage forcément plus présente. Même si je n'y accordais pas autant d'importance à l'époque, j'ai toujours été intéressé par les petites bêtes que je pouvais trouver dans le jardin ou la maison, que ce soit un grand capricorne ou une scolopendre.

Concernant les inspirations photographiques, même si je ne crée pas mes images de la même manière, j'ai forcément été influencé par Patrick Goujon. Dans la gestion des points de lumières peut-être, ou la façon d'épurer la scène. Plus récemment, je pense que c'est le travail de Sébastien Blomme qui me fascine le plus. Ça n'inspire peut-être pas directement mes photos mais cela nourrit certainement mon envie de créer de nouvelles images."

 

​​Digixo l Avez-vous un matériel de prédilection ?

CB l "J'ai commencé la macrophotographie avec le Lumix G9 couplé à l'objectif Olympus 30mm Macro. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, le m4/3 reste la valeur sûre dans ce domaine. Grandissement amélioré grâce à la petite taille du capteur, profondeur de champ plus large, matériel plus léger... il n'y a presque que des avantages !

Au bout de deux ans, j'ai tout de même changé de matériel pour un appareil plein format. Mon but était alors d'essayer une échelle un peu différente (macro ≠ proxi) et de pouvoir m'amuser dans des conditions de lumière plus difficiles. Jamais déçu par Panasonic, mon choix s'est alors porté sur le Lumix S5. En ce qui concerne les optiques, le Lumix S 100mm Macro n'existait pas encore à l'époque. La seule réelle option était donc l'objectif Sigma 105mm DG DN Macro Art.

Cette année, je teste également le Lumix S5 II. Il s'agit d'un choix motivé par mes besoins en vidéo qui deviennent un peu plus importants. Pas de changement notable sur la partie photo donc, et c'est très bien puisque je souhaitais garder mes repères et conserver mon style. Même si le Sigma 105mm me convient toujours autant, j'espère quand même pouvoir essayer le nouveau Lumix S 100mm Macro à l'occasion. J'ai souvent tendance à photographier à une main (j'utilise la deuxième pour tenir les supports ou pousser les herbes environnantes). Le poids allégé du Lumix 100mm serait donc le bienvenu et correspondrait un peu plus à ma façon de travailler."

 

​​Digixo l La photo parfaite, c’est quoi ?

CB l "C'est une question difficile. En ce qui me concerne, je pense que c'est une photo capable de présenter un sujet de manière poétique, peut-être même onirique. Je cherche avant tout à m'éloigner le plus possible de cette image "horrifique" que les gens peuvent avoir de ces curieuses créatures que sont les arthropodes car, la plupart du temps, ces animaux ne représentent absolument aucun danger.

À la prise de vue, j'essaye vraiment de rendre l'arrière-plan secondaire. Il peut servir à faire ressortir une couleur, ou une lumière particulière, mais j'estime qu'il ne doit pas gêner la lisibilité de l'image. Et surtout, il ne doit pas devenir plus important que le sujet.

Dans la photo d'insectes, réussir à capter un moment précis, que ce soit une attitude ou un geste, entraîne parfois la création d'un cliché unique. La photo "parfaite" peut donc aussi dépendre de ce critère. Mais, finalement, c'est assez rare. À mes yeux, il s'agit davantage d'une question de chance ; sur ce point, le "talent" et la persévérance sont plutôt secondaires.

Je suis toujours très heureux lorsque je reçois un message d'une personne arachnophobe ou entomophobe qui arrive à apprécier mon image. Je trouve que c'est une belle récompense. C'est dans ce genre de moment que j'ai l'impression d'avoir réussi ma photo."

Photos d'une empuse - Clément Boyer

 

​​Digixo l Comment vivre de ce type de photographie ?

CB l "Vivre de la photographie animalière est déjà difficile mais une spécialisation dans le monde du minuscule complique encore plus les choses ! Pour être tout à fait honnête, vivre uniquement de la photo d'insectes ne me semble pas vraiment envisageable. J'adorerais dédier tout mon temps à cette activité mais je dois aussi être réaliste.

Suite à plusieurs demandes, j'ai fini par créer une boutique en ligne pour y vendre des tirages et même des calendriers. Je ne considère pas cela comme une vraie source de revenu mais plutôt comme un moyen de rembourser quelques frais annexes découlant de cette activité.

Calendrier - Clément Boyer


Je soutiens également certaines structures et j'aimerais pouvoir, à terme, reverser de manière constante une partie de ces revenus à ces associations qui œuvrent pour la protection de l'environnement. C'est une démarche qui me semble obligatoire quand on profite autant de la nature que moi."

 

​​Digixo l Quels sont vos futurs projets photographiques ?

CB l Depuis ce début d'année 2024, j'essaye de développer un peu plus la partie vidéo de mon activité. Me filmer sur le terrain, proposer des vidéos coulisses, montrer directement mes rencontres. Cela apporte peut-être plus d'authenticité à mon travail et, il faut bien le reconnaître, c'est aussi plus adapté aux réseaux sociaux (la photo y devient, malheureusement, beaucoup plus secondaire).

Je commence également à déposer des dossiers pour exposer mes photos. Organiser une exposition autour des arthropodes de l'Hérault est un projet qui me tient à cœur et ce serait une façon encore différente de faire voyager mon travail.

En parallèle, je développe certaines collaborations, certains partenariats. En réalité, j'aimerais surtout trouver une manière de donner plus de sens à ce que je fais. C'est toujours compliqué de donner des chiffres mais on estime que, sur les trente dernières années, les populations d'insectes auraient diminué de 80% ! C'est un monde bien souvent oublié et, plus que jamais, en danger. Je ressens donc le besoin de faire découvrir cet univers fragile au plus grand nombre. J'espère que mes photos pourront contribuer à sensibiliser les gens et à éveiller les consciences.

Photo d'un petit insecte - Clément Boyer

 

​​Digixo l Avez-vous un conseil à donner à un photographe qui souhaite faire de la proxi/macrophotographie ?

​​CB l "Faire preuve de patience. Que ce soit pour trouver un sujet ou pour en capturer le portrait ensuite ! Il faut réussir à entrer dans ce monde qui n'est pas toujours très accessible. De plus, photographier un insecte sans trop le déranger demande du temps et de la pratique. Mais le résultat en vaut la peine, c'est un univers fabuleux. Un petit conseil, sortir au lever ou au coucher de soleil. En effet, les insectes y sont moins actifs et cela facilite grandement le travail. Ce sont également des moments de la journée où les ambiances lumineuses me semblent bien plus intéressantes."

 

 

Crédits photo : Clément Boyer

Suivez Clément Boyer sur Instagram @clement.boyer | Site internet : Dark Light Studios

Dernière mise à jour le 03/06/2024

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Commentaires

Mich - Saturday 1 June 2024
Merci des conseils j ai découvert la macro un peut tard bravo pour vos photos .Cette discipline est vraiment difficile
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